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Cet article présente André Brosseau, un artiste qui a continué à poursuivre sa passion pour la peinture malgré la critique d'un enseignant. Son exposition intitulée Comédyte humaine, composée de 86 petites toiles, invite les visiteurs à examiner les visages isolés et à se dissimuler derrière un masque. La mise en scène de l'exposition est inspirée de l'expérience théâtrale de Brosseau et traite des tribulations de la société et des enjeux internationaux. Les images stéréotypées acquièrent une nouvelle signification lorsqu'elles sont isolées et les visiteurs deviennent tour à tour l'observateur et l'observé.
Typology: Papers
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Liaison, n° 136, 2007, p. 50-51.
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LIAISON N° 136 I ARTS VISUELS ONTARIO
L I N E D E Z A I N D E
«Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres et c'est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes. »
«Tu NE SERAS JAMAIS UN PEINTRE.TU fais trop de lignes», lui proclama un jour un enseignant. D'aucun se serait laissé émouvoir par une telle déclaration, mais André Bros- seau n'est pas de ceux qui abandonnent aisément. Bien au contraire, il a continué à rouler sa bosse en se laissant gui- der par ses émotions, sa grande curiosité et son insatiable soif de justice. Sans revendiquer le statut d'artiste activiste, il avoue s'imprégner naturellement d'information de tout acabit et se sent particulièrement touché par le sort réservé aux millions d'êtres humains dont les droits sont bafoués ou qui sont laissés pour compte dans notre société souvent impitoyable.
Comédyte humaine, titre insolite et évocateur de l'expo- sition dévoilée en avril au lieu de diffusion BRAVO-Est d'Ottawa, proposait une série de 86 œuvres de petits for- mats (11 cm x 4,5 cm). Sagement alignées, les toiles aux sombres tonalités défilent devant nos yeux tel le story-board d'un film duquel l'on n'aurait conservé que les scènes stric- tement essentielles. Les cadrages varient, passant des plus petits détails du regard méfiant d'un loup ou de celui d'une enfant affligée, au panorama d'une ville aux nombreuses tours à bureaux ou d'un bouchon de circulation typique des grandes villes nord-américaines. Tirées de diverses revues d'actualité, ces images stéréotypées acquièrent une toute nouvelle signification lorsque seuls les regards en sont iso- lés et qu'ils nous semblent résolument destinés. Ces visages ne laissent personne indifférent.
Suspendu dans un coin de la pièce, un vieux masque de soudeur, abîmé et sans filtre protecteur, invite le visiteur à le manipuler en saisissant le bâton sur lequel il est fixé. Se baladant masque au visage, ce dernier se retrouve de facto dissimulé et l'expérience relève désormais plus du voyeu- risme que de la simple visite. Le camouflage permet d'exa- miner privément les œuvres, mais donne également l'op- portunité d'épier les déplacements et les gestes des autres personnes présentes dans la salle. Tout un chacun devient ainsi tour à tour l'observé et l'observateur.
La mise en scène de l'exposition prend racine dans l'ex- périence théâtrale d'André Brosseau. Ayant effectué des études en scénographie, il fut immédiatement séduit par les rapports entre l'espace tridimensionnel et le texte. Les mots ont trouvé un écho particulier chez cet artiste sensi-
ble ayant depuis toujours éprouvé le besoin de traduire ses préoccupations à propos des tribulations de la société qui l'entoure et des enjeux internationaux. Le peintre a effec- tué de nombreuses expérimentations et recherches de style, passant aisément du paysage bucolique aux tableaux plus conceptuels. Ce fut également le cas en ce qui concerne les sujets abordés, qui ont pu être inspirés d'articles de jour- naux ou d'œuvres telle la chanson « La complainte de Lola Lee » dans la pièce Demain matin, Montréal m'attend, de Michel Tremblay. À la quête d'un équilibre entre l'esthétique, l'expérience individuelle et le message à véhiculer, Brosseau transpose habilement sa vision en proposant une visite amusante et une série d'œuvres comportant des éléments de la comé- die et de la tragédie. Ce contraste se perçoit au fil de la visite lorsqu'un certain malaise s'instaure tranquillement face à ce qui pouvait, de prime abord, sembler une simple manœuvre ludique. En effet, les aspects agréables et diver- tissants de la parade masquée s'évanouissent rapidement dès lors que les images emplissent le minime champ de vision offert par l'ouverture où devrait se loger un filtre. De la scène pathétique aux sujets empreints de gravité, les tableaux noircis frappent l'esprit. Le subterfuge est très réussi: peintures et masque ne font plus qu'un dans une scène digne du réalisme et du fantastique des films de Fel- lini. Dans cette pièce, les protagonistes s'observent et ten- tent, tant bien que mal, d'ignorer que la lumière au bout du tunnel n'est nulle autre que celle d'un train filant à vive allure. L'impact sera inévitable. Le travail d'André Brosseau procure l'occasion de médi- ter sur un échantillonnage d'images fortes dont nous bom- bardent couramment les médias et envers lesquelles nous avons malheureusement développé une certaine immuni- sation émotive. Sans pouvoir cerner précisément le propos qu'aurait voulu investiguer l'artiste, l'ensemble incite à la discussion et à la dissection de ces sentiments de culpabi- lité et d'impuissance qui font désormais partie de l'expé- rience des citoyens des mégalopoles. L'artiste nous invite donc à nous laisser prendre au jeu et à prendre le temps de bien regarder, de confronter ces regards et de réfléchir sur ce qui définit présentement la condition humaine. •
Line est une artiste des nouveaux médias qui partage son temps entre ses contrats de rédaction, de communication et dejourna- Usme, la culture avec un grand C, son chum et ses deux char- mants ados.